Tales of Kenzera: ZAU est développé par Surgent Studios créé par l’acteur Abubakar Salim. C’est le premier jeu du studio qui est pour le coup soutenu par Electronic Arts Originals qui est la branche indée d’EA. Le jeu sort au moment où les metroidvania ont le vent en poupe et ça tombe bien, j’adore les metroidvania ! Difficile quand même de se faire une place après l’excellent Prince of Persia The Last Crown et même dans les jeux indé, on retrouve Blasphemous II. Après, j’ai été attiré par l’esthétique du jeu assez ambitieuse pour un jeu indé mais également la communication autour du jeu avec le court métrage d’Abudakar Salim qui explique le pourquoi du jeu que l’on retrouve dans le scénario de Tales of Kenzera: ZAU. Bref trêve de blabla, il est temps que je vous donne mon avis !
Une histoire de deuil
Oui d’emblée Tales of Kenzera: ZAU nous met dans l’ambiance… On va suivre Zau, un jeune chaman, qui vient de perdre son père. Refusant (le choix des mots est important) d’accepter cette épreuve, il va passer un marché avec Kalunga, le dieu de la mort : il va devoir ramener trois esprits à la mort. S’il y parvient, la mort lui rendra son père. Bien évidemment tout pacte avec le diable ou la mort a ses risque et dans le cas présent, en cas d’échec, Kalunga nous prendra. Au départ, Kalunga peut paraître intimidant et n’hésite pas à donner des ordres mais très rapidement, son comportement et ses paroles vont changer. Il va se transformer en guide et tente même de raisonner Zau lorsqu’il s’agit pour le jeune chaman de faire des choix importants.
Je n’ai pas envie de spoiler le scénario surtout que le jeu n’est pas long en soi puisqu’il faut 8 heures pour le terminer et 10 heures pour ramasser tous les collectibles. Je vous dirai que le jeu a deux lectures. La première basique qui est celle d’un jeune chamane qui a conclu un pacte avec la mort et qui parcourt les terres de Kenzera pour retrouver son père. La seconde lecture est celle d’un jeune homme qui vient de perdre un être cher si ce n’est le plus cher à ses yeux car c’est son « baba » et qui va traverser les étapes du deuil : le choc, le déni, le marchandage et la colère, la tristesse, la résignation, l’acceptation et enfin la reconstruction. C’est dingue mais vous prenez ces étapes plus ou moins dans le désordre et il y a moyen de faire un bon scénario de jeu…
En tout cas Tales of Kenzera: ZAU est bien écrit que ce soit dans son scénario ou ses dialogues. Tout est fait avec délicatesse c’est pour cela que certains passages de la seconde lecture ne sont pas évidents. Certaines étapes du deuil sont suggérées par un tout petit détail qui peut paraître anodin dans l’histoire du jeu ou une simple parole de Kalunga. Tout tourne autour de la relation entre Zau et le dieu de la mort qui évolue bien et de manière naturelle pour un jeu court. L’histoire gagne encore plus en authenticité avec la langue Kiswahili pour les dialogues, une véritable VO bien meilleure que l’anglais proposé.
Une réalisation immersive
Autant poursuivre sur la réalisation vu que j’ai évoqué la VO. Donc je le répète, Tales of Kenzera: ZAU propose deux langues : l’anglais et le Kiswahili qui est une langue bantoue, originaire de Tanzanie (merci Wikipédia) et qui est la langue maternelle du personnage principal. Les musiques sont assez variées et accompagnent bien nos aventures en fonction des environnements que l’on traverse. Mention spéciale à une phase de course poursuite assez tendue et pour laquelle la musique nous met une pression de malade !
Graphiquement j’ai trouvé Tales of Kenzera: ZAU très beau pour un jeu indé. Le jeu est intégralement en scrolling horizontal et en 2D. Les décors sont vraiment beaux et pour certains assez détaillant. Le monde de Kenzera se compose de différentes zones et chacune à son code couleur et ses environnements qui correspondent bien à l’idée que l’on pourrait s’en faire. Entre les environnements, les musiques aux notes africaines et la langue originelle, j’ai vraiment été pris dans l’ambiance du jeu et accroché à l’histoire de notre personnage qui passe quasi exclusivement par des dialogues.
Comme tout metroidvania, on a des combats. Notre personnage dispose de pouvoir magiques qui donnent lieu à des effets visuels de très bonne facture. Les boss que l’on croise sont impressionnants, les développeurs reprennent les classiques du genre. Tout n’est pas parfait. J’ai trouvé le bestiaire assez limité et modélisé de façon très sommaire. Pour le coup si on l’on chasse des esprits, j’ai du mal à expliquer à quoi correspondent les ennemis que l’on croise. Ce ne sont pas des fantômes et ils ont l’apparence d’alien. Pour le coup, ils détonnent du reste de la DA du jeu.
Bas les masques !
Tales of Kenzera: ZAU tire son originalité avec l’utilisation de deux masques qui sont au cœur du gameplay que ce soit pour les combats ou l’exploration. Zau est un chamane et pour retrouver les esprits demandés par Kalunga il va devoir user de pouvoirs magiques. Il tire ses pouvoirs de deux masques : le masque de la lune (bleu) et le masque du soleil (orange). On switche d’un masque à l’autre via une pression sur la gachette L (sur Switch). Pour les combats, le masque bleu sert au combat à distance puisque l’attaque est l’envoi de projectile alors que le rouge sert au corps à corps. Il faut donc régulièrement switcher entre les deux pendant un combat en fonction du type d’ennemi que l’on affronte surtout que par la suite des ennemis avec un bouclier apparaissent, bouclier qui ne peut être détruit qu’avec le bon masque.
Chaque masque a un coup léger, un coup puissant et une attaque spéciale qui se charge au fil des combos et du temps qui passe entre chaque combat. Le jeu propose plusieurs niveaux de difficulté pour les combats que l’on peut changer à tout moment ce qui est appréciable car certains combats peuvent se montrer tendus en raison d’un environnement mortel en cas de chute. Car oui Tales of Kenzera: ZAU est un métroidvania et comme tout bon métroidvania qui se respecte, l’environnement comporte une multitude d’éléments synonyme de mort instantanée en cas de contact… Au début ça va, puis le level design se corse et va demander d’alterner les aptitudes et donc les masques pour réussir certains passages.
J’en viens donc aux phases de plateformes qui assez bien fichues quoique classiques. Zau a un saut, un double saut, un dash vers l’avant, un wall jump et ses deux masques qui lui donnent des pouvoirs au fil de notre progression. Le bleu va nous permettre de geler l’eau et donc les cascades pour ensuite faire des wall-jump dessus. Il permettra également d’utiliser des crochés qui nous propulsent dans la direction souhaitée et ainsi monter plus haut. Le rouge permet de tirer des lances activant des sceaux pour ouvrir des portes. Bien évidemment il reste des aptitudes à débloquer mais je ne vais pas vous dévoiler l’intégralité des 4 actes qui composent le jeu.
L’ensemble rend le gameplay assez riche bien que sous exploité à mon goût afin de rendre le jeu accessible au plus grand nombre. Cependant certaines séquences pour des collectibles secondaires sont bien hard mais le jeu n’est pas punitif puisque l’on réapparaît juste avant la séquence histoire de recommencer en boucle un moment pendant 30 minutes. En plus on a droit à quelques puzzles à faire pour progresser. Pas de folie, cela se résume à des cubes à déplacer sur un interrupteur pour maintenir une porte ouverte… On est loin, très loin de certains puzzles de Prince of Perisa The Lost Crown qui, pour certains, m’ont fait saigné du nez !
Un métroidvania classique avec une touche de J-RPG
Tales of Kenzera: ZAU est un metroidvania très linéaire mais un metroidvania quand même ! Dès le départ et jusqu’au 2/3 du jeu, le cheminement est très dirigiste. On a bien quelques zones secondaires que l’on peut explorer ou pas histoire de glaner des collectibles et notamment des échos qui nous donnent un paquet d’expérience qui débloque des points de compétences. Le back tracking est très peu présent. On repasse sur certaines zones mais ce sont les zones centrales du jeu. Pour le reste je n’ai pas ressenti le besoin de revenir sur des zones déjà explorées si ce n’est pour le 100% et ramasser le seul objet que je ne pouvais prendre lors de mon premier passage faute de compétence idoine.
Rien de transcendant et surtout qui rien qui sorte de l’ordinaire. En terme de level design on retrouve les classiques du genre avec des plateformes mouvantes, des pics mortels, des amorces de grappin… J’ai quand même trouvé que cela manquait de verticalité. Pourtant la carte est vaste et s’étale dans les 4 directions mais dès qu’il faut monter, on passe par des chemins qui créent une ascension par palier. On n’a donc pas de grande zone qui va demander beaucoup de justesse dans les sauts pour arriver à destination. encore une fois, je pense que les développeurs se sont préoccupés de l’accessibilité avant tout.
Plus surprenant pour un Metroidvania, Tales of Kenzera: ZAU propose, en plus des classiques compétences à débloquer, un arbre de compétences. Attention ce n’est pas folichon car les compétences à améliorer sont relatives au combat. Ils permettent de renforcer les dégâts de nos attaques et au final donnent un petit plus final mais qui ne facilite pas plus que cela les combats qui reposent essentiellement sur la gestion du dash pour esquiver et du changement de masque.
Tales of Kenzera: ZAU
Editeur : Electronic Arts Originals
Développeur : Surgent Studios
Catégorie : Action aventure
Prix : 19,99 €
Classification : PEGI 7
Une belle histoire sans réelle prise de risque
Tales of Kenzera: ZAU propose une belle histoire appuyée par une réalisation délicate qui participe beaucoup à l’immersion. La possibilité de faire le jeu en langue Kiswahili aide beaucoup. Au niveau du gameplay, ça fonctionne mais je trouve que c’est bien trop classique pour ce qui est de l’exploration malgré l’usage de masques qui donnent une touche d’originalité. Les combats sont, pour moi, trop répétitifs avec un bestiaire bien trop limité. L’expérience de jeu reste une expérience de qualité vu le prix proposé car il faut le rappeler c’est un jeu indé proposé à moins de 20 balles ! Ayant fait le jeu sur Switch, ça correspond parfaitement à la console : un jeu sympa que l’on peut faire de temps en temps en nomade.
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Le test a été réalisé avec une version presse digitale Nintendo Switch offerte par Reset PR (Merci Mélissa !).
