Test Gerda : A Flame in Winter, le quotidien d’une femme libre !

Test Gerda : A Flame in Winter, le quotidien d’une femme libre !

Temps de lecture : 10 minutes

Il y a des jeux qui ne sont pas évident à aborder ou du moins à analyser. Gerda, A Flame in Winter en fait forcément parti ! Le jeu est édité par DONT’NOD qui a plutôt le nez creux pour les jeux au fort aspect narratif (Life is Strange ça te parle) et le thème choisi m’a attiré par son originalité : la seconde guerre mondiale au Danemark. Au delà du thème, pour une fois, on n’a pas droit à un vulgaire FPS sur fond de seconde guerre mondiale (coucou les COD, BF et 90% des jeux traitant du sujet) ce qui permet de bien s’immerger dans cette période trouble de notre histoire et dont les réminiscences semblent faire refaire surface aujourd’hui (mais je m’égare). Il est temps de se lancer dans une histoire pesante mais prenante !

Gerda
T’inquiète je suis là

Le quotidien sous la seconde guerre mondiale

On incarne donc Gerda, une infirmière qui a la double nationalité germano-danoise et qui rentre au bercail pour Noël 1944. Passé son arrivée à la gare de Tinglev qui est une petite ville proche de la frontière avec l’Allemagne, l’histoire se déroule essentiellement en 1945. Gerda est une infirmière et elle est embauchée au sein de la petite clinique privée de la ville. Son quotidien est rythmé par son mari Anders et l’assistance qu’elle porte au Docteur Harald à la clinique. Rien de bien folichon sauf qu’un soir lorsqu’elle rentre à la maison elle constate une descente de la Gestapo qui amène son cher et tendre soupçonné d’être un résistant et d’avoir commis un sabotage dans l’usine qui a causé de nombreux blessés.

Gerda

Tout va alors rapidement s’enchaîner et Gerda va alors découvrir les activités cachées de son mari. Au début du jeu, Gerda est volontairement neutre voir passive. Il faut bien que l’on pose l’action et que l’on laisse le choix au joueur ! Lorsqu’elle revient en ville, Gerda découvre des choses qui ont changé comme son père qui a décidé d’intégrer “le Parti” (y’a mieux comme choix mais bon). Ensuite le concept est de jongler entre les dialogues et de choisir les réponses que l’on donne pour s’affirmer plus ou moins dans un camp. Par exemple dire à un officier nazi que c’est une pourriture et que tu préfère crever plutôt que l’aider te fera pencher du côté des résistants.

Gerda
Je répondrai bien : “va te faire m****”

Gerda se distingue des autres jeux traitant de la seconde guerre mondiale par son angle d’attaque. Le jeu ne s’intéresse pas du tout à la ligne de front et pourtant nous sommes dans la période du débarquement et de la libération de l’Europe. Les gars de PortaPlay ont délaissé totalement les soldats et les combats pour mettre en lumière le quotidien de la population danoise sous l’occupation. On va ainsi aborder les tickets de rationnement, le marché noir, la place de la résistance et sa perception par les différents belligérants, la collaboration, la traque des Juifs et l’action des Justes. C’est très intéressant et surtout différent de ce qui se fait habituellement. Au delà de l’aspect vidéoludique, Gerda propose une section faits historiques qui explique des éléments précis de cette page sombre de l’Histoire au Danemark : tu joues et tu apprends des choses, quoi de mieux ?

Gerda
C’est bien documenté

Ce que j’ai trouvé bluffant c’est le réalisme des situations et des dialogues ! Gerda pose une ambiance pesante mais aussi prenante comme je l’ai dit en intro. Dès les premières minutes du jeu, j’ai senti que le rythme serait volontairement lent que l’ambiance ne serait pas à la fête et j’ai eu bon nez ! Après je me suis renseigné et j’ai pu apprendre que l’histoire de Gerda est basée sur des faits réels à savoir l’histoire d’un membre de la résistance danoise et grand-mère de Hans von Knut Skovfoged, Head of Development chez PortaPlay… Maintenant je comprends mieux ! En tout cas le résultat est là et je tire mon chapeau aux développeurs le résultat est là : les dialogues sonnent vrais et j’ai vraiment eu l’impression de suivre un récit biographique !

gerda
Donne moi un flingue et tu verras…

Une DA particulière mais une réalisation sommaire

Tu as pu le voir dès les premiers visuels, la DA de Gerda est originale. L’usage de couleurs pastels et d’un rendu graphique fait au crayon est une bonne idée néanmoins j’ai tiqué sur la réalisation globale du jeu. Alors je le précise, j’accepte totalement la DA qui au demeurant m’a plu mais elle est très mal desservi par la réalisation à mon goût. Le jeu est scindé en chapitre eux mêmes parfois scindés en zone à explorer ou du moins à parcourir. Les zones ne sont pas grandes aussi j’aurai aimé des environnements plus détaillés. J’ai effectué le test sur Nintendo Switch et j’ai donc conscience de la faiblesse technique de la console mais quand même il ne faut pas abuser !

Gerda
C’est pas dingue…

J’ai trouvé les temps de chargement un peu longs pour au final me demander ce que le jeu était en train de charger… Les environnements sont vides et manquent de détails notamment les phases en extérieurs pourtant on est sur une sorte de 3D précalculée. Cela fait vraiment tâche en 2022. Certaines textures ne sont pas nettes mais que dire des personnages, Gerda en tête. Les personnages sont modélisés à l’arrache pardonne moi l’expression, parfois il est impossible de discerner les traits de leur visage et quand je parle de trait du visage, je parle de la place de la bouche, du nez et des yeux (oui monsieur on en est là !). Mais que dire de l’animation des personnages ? Gerda a la même démarche que la boiteuse de la célèbre chanson paillarde du même nom… J’ai eu l’impression qu’elle était totalement désarticulée sur certains déplacements…

Gerda
certains plans sont jolis

Heureusement que la réalisation graphique est largement rattrapée par la BO du jeu ! Tout d’abord, j’ai bien apprécié les musiques qui collent très bien à l’époque mais aussi aux situation proposées par le jeu. Elles ajoutent à l’ambiance du jeu et je n’ai pas relevé une seule fausse note (arf facile celle là). Une situation triste sera affublée d’une mélodie lente faite à l’accordéon alors qu’une situation joyeuse sera rythmée par une trompette ou un saxo endiablée. Les seules fois où la musique est en décalage, cela est voulu par les développeurs et notre personnage se fend d’une remarque à ce sujet. J’ai adoré le doublage de Gerda entre les chapitres lorsqu’elle lit son journal. Le doublage est en danois ce qui ajoute de l’authenticité.

J’ai vraiment du mal avec la réalisation

L’effet papillon

Le gameplay de Gerda est extrêmement simple. Tout ce que l’on a à faire est de discuter avec les personnages que l’on croise en choisissant soigneusement nos réponses puisque cela influence la suite des évènements. De base il va falloir jongler avec les affinités des différentes “factions” en présence : la population allemande, la population danoise, la résistance et l’occupation. L’ensemble est cohérent et n’est pas si simple qu’il n’y paraît. On peut être à fond avec la résistance mais cela ne va pas forcément plaire à la population danoise et vice versa. En fonction de nos réponses, l’affinité monte ou descend ce qui a une influence sur les possibilités d’action ou de dialogues postérieurs ! Il est évident que si tu ne montres pas de la sympathie pour la résistance, le chef ne va pas vous ouvrir facilement les portes…

On peut modifier notre récit

On retrouve le même système d’affinité pour chaque PNJ qui a une jauge de confiance. Si le PNJ vous fait confiance alors vous aurez des possibilités de le persuader d’une chose. En plus de ces deux jauges, Gerda présente trois caractéristiques qui évoluent une nouvelle fois en fonction de nos choix : la perspicacité, l’intuition et la compassion. Certains choix de dialogues ne seront possibles que si vous avez la compétence au bon niveau. A la fin de chaque chapitre Gerda en fait le résumé sur son journal et il appartient au joueur d’en choisir la conclusion pour gagner un point dans la compétence qui y est liée. Contrairement à ce que promettent faussement beaucoup de jeux, dans Gerda, nos choix de dialogues ont vraiment des répercussions sur la suite des évènements qui vont donc différer d’une partie à l’autre !

Mais nos choix ne sont limités aux dialogues, on a également le choix dans les lieux que l’on parcourt mais aussi dans nos actions. Par exemple certains chapitres nous laissent le choix du lieu dans lequel on peut se rendre sachant que parfois il n’est pas possible de tous les faire. Un exemple simple, tu as le choix entre faire des courses pour trouver une surprise à ton mari sur la grande place de la ville ou aller à l’usine pour soigner les allemands blessés (bon je te mens pas j’ai choisi les courses faut pas déconner). Certains choix sont évidents tout comme les conséquences qu’ils vont engendrer alors que d’autres sont plus subtils et tu ne verras que les conséquences que bien plus tard.

Il faut faire des choix d’exploration

Un exemple simple, à un moment je vole des antalgiques et je dois choisir à qui les donner : à un officier allemand, un résistant blessé ou à une petite fille juive que j’essaie de cacher et qui est malade. Tu choisirais quoi toi ? Qui te dit que l’officier allemand ne va pas te renvoyer l’ascenseur qui sera utile pour la résistance ? Qui te dit que la mère juive n’a pas de l’influence au delà de la frontière qui pourrait aider ? On s’aperçoit vite qu’il n’y a pas de choix évident et cela rejoint un peu l’état d’esprit de l’époque avec des gens tiraillés entre des valeurs différentes, des communautés différentes et aussi la nécessité de survivre. Une nouvelle fois les gars de PortalPlay ont su retranscrire dans le jeu des situations bluffantes de réalisme.

Je t’en pose des questions !

Bien sûr chacun de nos choix donne une direction différente à l’aventure jusqu’à en modifier la fin. Du coup si tu veux tout tester, il faudra refaire le jeu à plusieurs reprises ce qui donne une rejouabilité assez monstrueuse. De base il faut compter 5 bonne heures pour apprécier calmement le jeu et faire tout ce qu’une partie propose. Je te laisse donc imaginer le temps de jeu nécessaire pour tout faire et tout voir. Ce qui est dommage c’est que le gameplay ne se renouvelle pas au fil de notre progression. Si les choix se montrent plus forts et plus tranchés, les mécaniques sont les mêmes et j’avoue avoir zappé certains dialogues car je trouvais le PNJ insipide et sans saveur et qui n’apportait rien à la trame principale (on en parle de la cousine de Gerda qui a un poste utile mais qui ne sert à rien ?).

Conclusion

Gerda, A Flame in Winter est une expérience de jeu originale par son speech de base. Le jeu est un jeu narratif somme toute classique mais qui se distingue par la richesses des choix qu’il propose et les conséquences de ces choix qui modifient le cheminement de l’histoire. En plus de s’amuser, on apprend des choses ! Dommage que le gameplay ne gagne pas en profondeur et que le réalisation graphique ne soit pas au niveau de la narration. Gerda reste quand même une expérience intéressante et enrichissante que je ne peux que vous recommander !

Satisfaction du Piwi 78 %

Si tu veux acheter le jeu (le Piwi ne prend aucune commission car non actionnaire chez Nintendo ni DON’T NOD !) ICI SWITCH.

  • Date de sortie : 1 septembre 2022
  • Editeur : DONT’NOD
  • Développeur : PortaPlay
  • Catégorie : Aventure / Narration
  • Prix : 19,99 €
  • Classification : PEGI 16

Le test a été réalisé avec une version presse digitale Nintendo Switch offerte par DON’T NOD (Merci Célia !).

3 thoughts on “Test Gerda : A Flame in Winter, le quotidien d’une femme libre !

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :