1998, l’année qui marque les débuts de Léon et Claire et surtout la suite de ce qui va devenir une licence phare de Capcom: Resident Evil. Et on aura attendu pour avoir droit à ce Remake à l’instar de ce qui a été fait pour le 1. L’attente a été longue et surtout attisée par des informations distillées sous forme de screens, puis de vidéos et enfin de démo. Au fil des découvertes tout le monde a pu constater que les apparences sont bien différentes de l’original mais quid du rendu final. A-t-on droit à une histoire retravaillée et approfondie ou restons nous sur un lifting poussé et un ajout de contenu ? Chargez pompe et magnum on s’en va chasser du Tyran pour voir de quoi il en retourne !

Un remake ou un Remaster ?
Avant de voir ce qu’est ce Resident Evil 2, intéressons nous aux définitions des genres. Un remaster est en fait le portage d’une version antérieure sur une nouvelle console assorti généralement d’un lifting graphique pour y ajouter la HD ou revoir certaines textures et parfois (mais c’est très rare) l’ajout de contenus qui se peuvent se révéler dispensables… Un exemple récent et Onimusha sorti il y a quinze jours justement par Capcom. Un remake consiste en revanche à refaire le jeu mais dans le sens le plus profond ! Les développeurs vont en fait se servir de l’original comme d’une base sur laquelle ils vont travailler le scénario, le gameplay jusqu’à totalement différer de l’original. Comme cela tombe bien un exemple marquant est… Resident Evil Rebirth de Capcom ! Celui-ci est le remake de Resident Evil premier du nom mais le scénario se montre plus profond avec de nombreuses séquences ajoutées qui viennent expliquer les manques de l’original. Alors quid de ce Resident Evil 2 Remake ?

Je dois reconnaître que sur ce point là, je trouve que ce Remake souffle le chaud et le froid. Je n’ai pas l’impression que du point de vue du scénario, les développeurs l’ont tant approfondi que ça et c’est même le contraire. On ne nous donne pas beaucoup d’informations supplémentaires par rapport à l’original. Les séquences entre Ada et Léon, relation essentielle de l’opus, sont les mêmes que l’original, tout comme celles concernant William Birkin. Si on voit un peu plus Annet Birkin, je n’ai pas trouvé son personnage plus approfondi. En revanche, le jeu donne la part belle aux officiers qui composent le commissariat et notamment Marvin qui a droit à plus d’une scène avant de… Tout comme l’intro qui a été retravaillée et détaillée et c’est vraiment appréciable. Mais j’ai l’impression que ces ajouts ont été faits au détriment d’autres aspects scénaristiques du jeu. Par exemple exit l’histoire autour de l’hélico qui s’écrase ou encore Tyran, qui est très présent dans le gameplay mais qui est-ce, pourquoi est-il là hop à la trapinette. Je n’ai donc pas eu la même sensation de nouveauté que le Rebirth m’avait procuré.


Il n’empêche que ce Resident Evil 2 est bel et bien un remake ! Exit les décors figés en 3D précalculée avec une caméra fixe par pièce. Dorénavant on a droit à la caméra à l’épaule instaurée par Resident Evil 4. Elle permet une action plus dynamique et surtout moins de rigidité dans la direction du personnage. Le cheminent est lui aussi intégralement repensé même si l’on retrouve les items emblématiques du premier opus : les pièces d’échec, les clés pique carreau… On découvre également de nouvelles énigmes principales mais également secondaire avec la présence de cadenas et autres coffres à déverrouiller. A ce sujet, je vous conseille vraiment de les faire car les avantages qu’ils procurent ne sont pas négligeables surtout à la fin du jeu !



Des lieux ont également été développés. Si le commissariat conserve ses pièces emblématiques (et je dis bien toutes les pièces), les égouts ont triplé en volume avec une exploration plus poussée et un nouveau type d’ennemi. Au final on retrouve cependant le même rythme que celui donné par l’original ; un commissariat dans lequel on reste la bonne moitié du jeu, des égouts plus développés et un laboratoire que l’on passe en un clin d’œil.


C’est en cela que je trouve que ce RE2 Remake est mi figue mi raisin quant aux innovations apportées à l’original. Je trouve qu’il n’égale pas Resident Evil Rebirth. Alors certes on peut me répondre que ce qui marchait il y a 20 ans ne marche plus aujourd’hui mais ce serait mal comprendre mon propos et RE Rebirth avait parfaitement compris cette problématique en faisant des choix forts. Je trouve que pour RE 2 Remake, les développeurs n’ont pas su ou osé prendre des décisions marquées pour donner plus d’identité au soft.

Raccoon n’a pas vieilli !
Intéressons nous à la réalisation du soft… En pratique quand on revient dans un lieu 20 ans après, on se rend compte qu’il a mal vieilli et qu’il mériterait un bon rafraîchissement. Mais dès les premières minutes à déambuler dans les rues de Raccoon, on se dit “Pu*** que c’est beau“ ! Ce sentiment ne fait que se renforcer au fil de l’aventure ! Lorsque l’on rentre (très rapidement) dans le commissariat quelle claque ! On retrouve ce bon vieux hall plus fin, plus détaillé. Et puis, si la première impression est que rien n’a changé, on constate vite qu’au contraire, les lieux sont modifiés parfois dans des proportions énormes mais en reprenant les codes de l’orignal de telle sorte que l’on pense “home sweet home“. Le hall central du commissariat en est le plus exemple avec l’inversion de la statue, pourtant imposante !

On reconnait donc très vite les lieux et ce qui auront fait le premier opus ne seront pas dépaysés par le commissariat : mêmes couloirs, même bureau central, même salle photo, même hélicoptère bon OK j’arrête là : En tout cas les développeurs ont bien fait dans le fan service en reprenant l’architecture même du bâtiment mais en intervertissant certaines pièces. Pour ce qui est du rendu final, les pièces sont bien évidemment plus détaillées et le commissariat est bien plus glauque qu’il y a 20 ans ! L’obscurité y est plus présente qu’autrefois ce qui rend l’ensemble angoissant y compris dans des pièces pourtant assez “larges“.




Les égouts proposent une réalisation qui peut paraître inégale. Si les couloirs et pièces hors flux d’eau sont plutôt oppressants avec les bruits qui se répercutent avec l’écho, lorsque vous devrez patauger dans les tas immondices, certaines textures peuvent laisser à désirer. C’est d’autant plus criant lorsque l’on arrive dans ces endroits qui sont surpeuplés de monstres faisant appel… aux mêmes textures… Une nouvelle fois, les développeurs jouent avec la madeleine de Proust et donc ne vous inquiétez pas tout y est et quand je dis tout c’est tout…


Le Laboratoire a eu droit à un lifting intégral et surtout de toute beauté ! Dès l’ouverture de la porte, on ne peut s’empêcher de laisser échapper un “oooohhhhh“… S’il peut se montrer aussi court que son aîné, les décors ont enfin gagné en cohérence ! Après, il ne faut pas être stupide, les développeurs bénéficient juste de technologies bien plus puissantes qu’il y a 20 ans. Si le premier Resident Evil 2 premier du nom présentait un labo qui donnait l’impression d’être fait à la va vite par rapport au reste du jeu, il n’en est plus rien aujourd’hui. Les gars de chez Capcom se sont surtout “gavés” avec deux salles : le hub central du labo et la serre ! La première se démarque par l’immensité du vide alors que la seconde le foisonnement des détails.



Vous l’aurez compris, la réalisation graphique est au rendez-vous et si l’ensemble n’est pas parfait car rien n’est parfait, il reste au niveau des espérances mises sur le titre et de l’attente qu’il a suscité. Mais surtout que dire de l’aspect sonore du titre ? Tout simplement grandiose ! Je joue exclusivement au casque et je dois dire que le titre est extrêmement immersif ! Chaque bruit compte, du grognement de zombie, en passant par le cliquetis de la griffe du leeker et que dire du “boum, boum, boum” des pas de Tyran lorsque celui-ci entre (vite trop vite) dans la danse avec la musique stressante qui vous précise son approche ? Franchement on se prend très vite à sprinter dans les couloirs pour éloigner les indésirables qui veulent nous faire un câlin contre notre gré à fermer une porte et tendre l’oreille pour vérifier s’ils approchent ! Pour ce qui est des musiques, elles collent parfaitement à l’action et ne sont d’ailleurs présentes que sur certaines phases accentuant le sentiment d’immersion et ne perturbant pas outre mesure le joueur.

Contenu inédit pour une durée de vie similaire
Si j’ai brièvement évoqué l’aspect scénaristique ainsi que la configuration des lieux que nous propose ce remake à nous mettre sous les doigts ? Personnellement, je trouve que c’est dans le gameplay que cet opus se démarque totalement de l’oeuvre originale. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, RE2 premier du nom, n’est pas un pur survival horror comme son aîné. Il présentait un aspect beaucoup plus arcade qui le rendait aussi beaucoup plus simple que le RE1. Les plus vieux ne pourront pas dire le contraire, on a tous fini RE2 en étant blindé en munitions et en soins limite à tirer en l’air et à replanter nos plantes vertes ! C’est tout l’inverse dans ce Resident Evil 2 Remake même si au début de l’aventure le soft nous laisse croire le contraire ! (Vous me suivez?) Vous allez crouler sous les balles et autres poudres à munitions sauf que… Le jeu va ensuite se montrer plus avare donc un conseil faites des provisions et économiser les ! Ensuite (et surtout!) ce qui choque c’est la profusion de zombies. J’ai même l’impression qu’à certains endroits ils apparaissent à l’infini ! Vraiment l’escalier de la chambre photo m’a rendu fou ! Même les headshots au pompe n’ont pas permis d’éradiquer définitivement la mauvaise herbe ! Du coup on se retrouve à jouer l’esquive alors que dans l’original on prenait plaisir à faire 5 headshots (oui j’ai bien écrit 5) en un seul tir de pompe amélioré ! On se retrouve donc à la jouer infiltration et esquive afin de garder nos précieuses balles !


Cette stratégie devient encore plus payante avec l’arrivée de Tyran qui ne va cesser de vous poursuivre partout et je dis bien partout !!! Certains Resident Evil ont institué des “méchants” qui vous poursuivent dans le jeu : le némésis dans RE3 ou RE0, Jack Baker ou Marguerite Baker plus récemment dans RE7. Sauf que dans les exemples précités, les ennemis se contentent de faire une ronde et ne vous repèrent que lorsque vous êtes dans la même pièce. Au delà, les ennemis vous poursuivaient sur certaines zones mais vous foutez la paix dans les salles de sauvegarde (merci la porte magique de la maison Baker de RE7…). Oubliez tout ça avec RE2 Remake ! Vous n’aurez aucun moment de répit ! Pour reprendre le mot d’un homme politique russe encore en activité : “les zombies iront vous chercher jusque dans les chiottes” ! Même le hall principal qui faisait office de sanctuaire inviolable se trouve envahi par tout le monde ! Je ne vous dis pas à quel point je me suis ch*** dessus lorsque j’ai vu Tyran se rabouler alors que je faisais mon tri au coffre de rangement !


La profusion d’ennemis, le manque de munition et enfin la résistance des zombies offrent une difficulté supérieure à celle proposée habituellement par un Resident Evil. Car oui un mot sur la résistance des zombies : même en visant la tête, le head shot n’est pas garanti car il faut également viser au même endroit pour espérer faire exploser la pastèque avariée d’en face ! Terminons sur les ennemis en évoquant le bestiaire qui est un peu limité dans cet opus. Beaucoup de zombie, des leekers qui restent le monstre emblématique de RE2, les chiens également apportés par RE2, les monstres des égouts les plantes et… c’est tout ! Exit les araignées géantes, les papillons… Je vous laisse découvrir si les crimson head de RE Rebirth sont de la partie… Il n’empêche que le bestiaire est peu varié surtout que les sprites de zombies sont les mêmes pour certains. Ainsi on est surpris de retrouver le lieutenant Maurice (ne me demandez pas pourquoi Maurice…) que l’on a explosé au début du commissariat au milieu des égouts… Sur ce point, on a certes une profusion de zombie mais les développeurs ont fait un peu dans le recyclage au niveau graphique…


Ensuite le jeu ne propose pas autant de nouveautés dans le gameplay que ne l’a fait Resident Evil Rebirth. En effet beaucoup d’ajouts sont en fait des innovations des opus sortis après RE2. On retrouve donc l’usage de la poudre à munitions qui combinée permet d’avoir balles de flingue, de pompe ou de magnum ou encore différents type de grenades. La poudre à munition est apparue avec Resident Evil 3 Némésis. La possibilité de jeter les objets clés qui sont devenus inutiles permet parfois de s’éviter un aller retour à un coffre pour cause de manque de place… Une nouvelle fois cette possibilité est apparue avec les épisodes précédents et n’est pas une innovation comme l’avait fait Rebirth avec les crimson head ou les armes de défenses. Les armes de défense que l’on retrouve également dans ce RE2 Remake. Les zombies capables d”ouvrir les portes sont eux aussi présent mais sont, eux aussi, une innovation de… Rebirth ! Le reste est du déjà vu et c’est dommage mais il est évident que les développeurs ont été partagés entre jouer la carte de la madeleine de Proust afin de conserver les fans de la première heure et ouvrir le jeu afin de toucher un nouveau public qui n’a connu que les derniers Resident Evil à partir du 4. Au final j’en reviens à cette conclusion du mi-figue mi raisin. Le Rebirth nous a obligé à oublier ce que l’on faisait dans l’original par le cheminement, les énigmes et les nouveautés apportées. Dans ce Resident Evil 2 Remake, on sent bien que l’on est dans un remake mais qui ne s’éloigne pas tant que ça des bases de l’original. Même séquences, mêmes ennemis, même ossature pour le commissariat et le rythme général du jeu. Beaucoup de choses qui nous ramène à l’original et qui diminuent l’effet de cassure.
Il n’empêche que le jeu reste excellent ! Parfaitement réalisé et orchestré, un gameplay aux petits oignons et puis cette furieuse sensation d’un retour aux sources et oublier ce que RE5 et 6 ont fait procure un bien monstrueux ! On est en plein dans ce qui est l’essence même de Resident Evil, dans ce qui fait un Resident Evil. Je terminerai par évoquer la durée de vie du soft ce qui n’est pas forcément un point fort de la licence et particulièrement de Resident Evil 2 original. Pour rappel l’original pouvait être fini en moins de 50 minutes pour le scénario A de Léon et 1h15 pour le Claire B. Rassurez vous les temps de ce Remake sont bien supérieurs ! Comptez à peu près 6 heures pour un premier run en traînant les petons et 4 heures pour le second scénario. Après je peux vous dire que le rank S s’obtient en finissant le jeu en moins de 3h30. Sauf que… Si les scénarios sont plus longs dans ce Remake, la durée de vie peut paraître inférieure à l’original ! Je m’explique… Dans l’original, les développeurs avaient réellement fait 4 scénarios selon si vous débutez avec Léon ou Claire. De manière schématique on parlait de Léon A ou B c’est à dire si vous le faites en premier ou en second et de Claire A ou B pour les mêmes raisons. Les scénarios avaient d’une part de réelles interactions en terme de gameplay (on laisse la sacoche ou la mitrailleuse à Claire, les vrais comprendront…) et surtout différaient par d’autres moments selon l’ordre choisi. Ici il n’en est rien ! C’est donc selon moi une certaine régression par rapport à l’original. Que vous commencez avec Léon ou Claire en premier ou second c’est la même chose aucune différence excepté quelques passages inédits et les énigmes modifiées (la base quoi). Chacun à son scénario et même si par cinématiques les personnages se voient, cela n’empêche pas certaines discordances dans le scénario. Par exemple au début Claire et Léon sont séparés et doivent se retrouver au commissariat ils partent en même temps et se retrouvent sur un côté du commissariat sauf qu’avec Léon il faut deux heures pour arriver là et Claire 5 minutes… Je m’arrête car après c’est pire. Au delà on a un léger sentiment de répétition et c’est dommage. Pour prolonger le plaisir on a droit à un mode “survivor” avec Hunk et Tofu. Le mode était déjà présent dans la version originale et on apprécie ce petit clin d’œil des développeurs qui, une nouvelle fois, font dans le fan service.

Conclusion
Il est de retour et il est vraiment réussi ! Techniquement au top même si on peut râler sur certaines textures et un recyclage d’éléments le jeu reste un plaisir pour les yeux et les oreilles ! Le gameplay a été revu et dynamisé, les ennemis sont plus résistants mais le soft reste un pur survival horror comme la licence a su nous en proposer à ses débuts. Mais car il y a toujours un mais, je reste partagé sur les choix de scénario et surtout sur le fait que contrairement au premier Remake à savoir Rebirth, la cassure et la claque ne sont pas aussi fortes à mon goût. Vous me direz que je trouve toujours quelque chose à redire (et oui je suis râleur comme 100% des français…) mais je vous rassure j’ai surkiffé ce Remake !
Positif
- Un Remake à la hauteur
- Ambiance sonore exceptionnelle
- Un environnement à explorer plus vaste
- Bon dieu que ça fait du bien !
Négatif
- Des scénarios moins “différents”
- Peu de risques pris par les développeurs
Satisfaction du Piwi 95 %
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Informations générales :
- Date de sortie : 25 janvier 2019
- Editeur : Capcom
- Développeur : Capcom
- Catégorie : Survival horror
- Prix : 59,99 €
- Classification : PEGI 18
6 thoughts on “Test Resident Evil 2 Remake, Léon et Claire sont de retour en ville !”