Les jeux indés sont légions mais les FPS indés sont un peu plus rares et j’ai été très surpris lorsque Digerati a annoncé Severed Steel développé par Greylock Studio. Le jeu se veut ambition avec du bullet time, des décors entièrement destructibles, des wall run/jump, une IA dynamique… Il y a de quoi se perdre en chemin ! Surtout qu’avec les jeux édités par Digerati, je ne sais jamais trop à quoi m’attendre au final, l’éditeur étant capable de proposer les pires atrocités vidéoludiques mais aussi de petits jeux originaux et frais (et j’en ai bien besoin vu les températures actuelles). Bref voyons si l’agent Steel vaille la peine que l’on s’intéresse à elle.

Une quête pour l’imagination
Niveau scénario, je te cache pas ne pas avoir tout compris la faute à une narration qui passe uniquement par des séries d’images pas toujours claires et qui laissent place à l’imagination. On incarne donc Steel, une femme qui se réveille avec un bras en moins. Steel est sacrément badasse et décide de se venger de l’organisation qui lui a fait ça. On va donc récupérer un prototype, une sorte de buster que l’on va fixer sur notre bras et dézinguer tout ce qui passe. Le buster donne à Steel un côté Mega Man ou Samus Aran sachant qu’elle est aussi balèze que les deux précités. L’histoire de Severed Steel se divise en plusieurs chapitre qui se ponctuent à chaque fois par un boss et qui nous donnent un objectif particulier.

Je dis que l’histoire n’est pas très claire car tout en se vengeant de l’organisation, vient se mêler à la fête une force que je qualifierai d’extra terrestre et qui est dotée de pouvoirs spéciaux que l’organisation veut exploiter. Steel se dit que c’est l’occasion rêvée de faire d’une pierre deux coups ! Voilà l’histoire que j’ai comprise mais je t’avoue que j’ai comblé les trous avec mon imagination, qui pour le coup est en rade. Cependant il faut reconnaître que l’histoire de Severed Steel n’est qu’un prétexte pour enchaîner des niveaux radicalement différents et qui manquent même de cohérence. On va progresser dans une structure en partant des sous sols pour arriver au roof top puis repartir dans des labos, revenir dans une salle d’exposition, bref c’est n’importe quoi !

Manchot mais dégourdie !
Je me suis donc pris à parcourir les niveaux et les développeurs ont tenu leur promesse en faisant de Severed Steel un FPS ultra nerveux mais pas que… A chaque début de niveau on a un objectif : tuez les tous, détruire des serveurs, récupérer des documents, activer ou désactiver un bouton. Quand il s’agit de tuer tout le monde c’est simple on arrose de tous les côtés et basta mais pour les autres objectifs il n’est pas nécessaire de se fader les gunfights et il est même recommandé d’user des capacités de déplacement de Steel. La bougresse est bien dégourdie et même Lara Croft fait pâle figure ! Steel saute, double saute, fait des wall jump, court sur les murs, fait des glissades, des bonds en avant. Il y a de quoi faire et tous ces mouvements peuvent s’enchainer parfaitement pour franchir des trous énormes ou prendre des raccourcis !



C’est assez grisant de pouvoir se déplacer à l’horizontale mais aussi à la verticale de manière très rapide. Le level design est pensé pour ça et nous pousse à le faire ! Je n’ai pas compté les téléporteurs et autres ventilateurs qui nous propulsent à des endroits opposés. Il faut aussi noter que l’intégralité du décor est destructible. On peut le faire de manière massive avec notre buster et des explosifs ou balle par balle. J’ai retrouvé un côté Red Faction à creuser des tunnels pour accéder à une salle plus rapidement. En plus de cela, on ajoute une mécanique bullet time qui nous permet d’esquiver les tirs ennemis et c’est parti pour se la jouer comme Néo dans la matrice ! J’ai trouvé que Severed Steel avait un côté Quake like à se niveau avec des déplacements rapides : si tu restes statique tu es mort ! Mais il n’y a pas que pour les déplacements que le jeu se veut nerveux, les gunfights ne sont pas en reste !


Severed Steel se démarque des autres jeux FPS par l’impossibilité de recharger. Pour tirer avec une arme, il faut en trouver une sur l’adversaire, une fois le chargeur vide, il faut en trouver une autre sur un nouvel ennemi. Cette mécanique nous oblige à être toujours en mouvement voir même à aller au cœur de l’action histoire de récupérer un flingue. ça va très vite et on ne sait jamais sur quelle arme on va tomber, un peu comme une boite de chocolat (référence Forest Gump pour les plus jeunes). Chaque arme a son utilité et oblige à modifier sa façon de jouer. Les armes automatiques permettent de rafaler en continu sans se préoccuper de la visée alors que pour celles au coup par coup j’ai usé du bullet time pour faire des tirs chirurgicaux qui one shot les adversaires ! A côté des armes, on peut user de notre buster qui se recharge à chaque ennemi tué. Le buster varie en fonction du niveau : explosif, électrocutant ou en fusion.


Sévèrement nerveux mais confus
Il faut donc bouger continuellement et être aux aguets constamment sauf que la lisibilité n’est pas exceptionnelle la faute au choix des couleurs dans les niveaux. C’est flashy et certains niveaux peuvent vous procurer de belles crises d’épilepsie : âme sensible s’abstenir ! Techniquement, Severed Steel n’est pas un foudre de guerre ! Les textures sont moyennes surtout lorsque l’on commence à détruire le niveau et j’ai même rencontré des bugs de collision avec parfois la possibilité de tomber vers le bas au travers du décor et réapparaitre en haut (et non ce n’était pas voulu par les développeurs). Je n’ai pas l’excuse facile mais dans le cas de Severed Steel, c’est un peu compréhensible dans la mesure où les développeurs ont voulu ajouter beaucoup de mécaniques sans avoir les moyens d’un AAA.


Au delà de la réalisation, la construction de certains niveaux est parfois bizarre à la limite du labyrinthique avec un objectif pas forcément repérable au premier coup d’œil ce qui oblige à s’arrêter pour analyser l’environnement. Cet arrêt casse le rythme du jeu. Pareil pour les niveaux dans lesquels il faut dézinguer tous les ennemis pour ensuite en sortir. Il faut chercher la sortie qui est pourtant mise en avant mais vu le choix des couleurs, je me suis retrouvé à scruter mon écran tel une taupe qui sort de l’ophtalmo… Je me suis un peu senti confus à ne plus savoir ou aller ou comment y aller c’est assez rageant.


Le confusion est présente aussi pour l’aspect sonore. Dès que l’on se déplace de manière rapide et que l’on change d’arme aussi vite que Lucky Luke, la bande son est à la ramasse la plus totale ! Il m’est arrivé que la musique se coupe et plus problématique, les bruitages ne correspondent plus à l’image. L’exemple le plus flagrant est l’usage d’une SMG et le son fait le bruit d’un fusil à pompe : what the fuck ! C’est destabilisant puisque j’ai l’impression qu’un ennemi me tire dessus avec un pompe et en fait pas du tout… Une nouvelle fois, je sens bien que les développeurs ont eu les yeux plus gros que le ventre et Severed Steel n’est pas stable tout le temps.

C’est bon mais c’est court !
Severed Steel propose un mode campagne et un mode arcade. Le dernier mode propose de jouer un niveau précis en survivant à des vagues d’ennemis tout en accomplissant des objectifs annexes qui font monter notre high score. Le but final est de bien sûr comparer avec les autres joueurs qui a la plus grosse… Le mode campagne se compose de 6 chapitre soit une quarantaine de niveaux ce qui est pas mal sur le papier sauf que les niveaux sont courts puisqu’on les boucle en 5 minutes en moyenne. Grosso merdo, il faut compter deux heures trente pour finir le jeu. On a bien 5 modes de difficultés mais le plus simple ne vaut pas le coup et le dernier niveau de difficulté est une véritable torture.


Les développeurs ont inclus un mode triche qui permet de modifier certains paramètres du jeu de manière utile ou loufoque. On peut ainsi affubler les ennemis d’une grosse tête pour faciliter les head shots, avoir des munitions illimitées mais on perd le concept de devoir changer d’arme, modifier les couleurs, rendre les ennemis plus puissants, il y en a pour tous les goûts. Les modificateurs se débloquent après avoir fait le mode campagne et sous certaines conditions comme l’excellent Golden Eye sur N64 le faisait avec son mode 007. C’est sympa mais ça n’augmente pas forcément la rejouabilité.

Conclusion
Severed Steel est un bon petit FPS qui use de références puisées chez les grand noms du genre comme Quake ou Red Faction. Pour un petit studio le résultat est plus qu’honorable même si il n’est pas exempt de défaut ou plutôt de bugs. On n’est pas face à un AAA mais le plaisir de jeu est bien présent et j’ai envi de dire que c’est le principal ! Les déplacements et les gun fights sont pêchus malgré une technique un peu aux fraises. Dommage que le jeu ne propose pas plus de niveaux et plus de variété dans les objectifs à accomplir. Severed Steel est un chouette jeu mais je dois reconnaître que le tarif est un peu élevé vu les problèmes techniques et la durée de vie. C’est quand même dommage car le jeu est sorti il y a un peu plus de 10 mois sur PC et les développeurs auraient pu user de ce temps pour rendre le jeu plus stable.
Satisfaction du Piwi 64 %

- Date de sortie : 22 juillet 2022
- Editeur : Digerati
- Développeur : Greylock Studio
- Catégorie : FPS / Action
- Prix : 29,99 €
- Classification : PEGI 18
Le test a été réalisé avec une version presse digitale Xbox offerte par Digerati (Merci Mike !).